29/12/2013
Dimanche de la Sainte Famille : deux des évangiles seulement (sur quatre) nous en parlent, et pour évoquer bien autre chose qu'une ''famille idéale'' !
Une homélie paroissiale sur le vrai sens chrétien de cette fête :
'' C'est Dieu qui veut rejoindre les autres à travers le prédicateur '' [1]... Alors loué soit-Il pour les bonnes homélies ! C'était le cas ce matin, avec un prêtre de la région parisienne parlant du véritable sens de la fête d'aujourd'hui – celle de la Sainte Famille. Pas plus que la Genèse n'est un manuel scientifique, soulignait-il, les quelques lignes des évangiles sur la vie de la Sainte Famille à Nazareth ne sont un manuel de sociologie.
En effet, expliquait le curé : 1. la famille en Palestine était tout autre chose que le noyau polarisé père-mère-enfants de notre société individualiste ; 2. le laconisme de Matthieu-Luc [2] et le silence de Marc-Jean sur la Sainte Famille, disent clairement qu'ils ne la proposent pas au chrétien comme un modèle naturel. (Ce serait alors un modèle de famille non biologique ! ''Mum + Dad = me'', c'est exactement ce qu'on ne peut pas dire de Jésus).
Si les évangiles nous parlent aussi peu de la vie familiale chez Marie et Joseph, c'est que là n'est pas leur but. Ils ne nous montrent pas la famille idéale. Ils nous montrent un homme et une femme dont la vie est centrée sur le Verbe de Dieu, en la personne de cet enfant sans précédent... La naissance du Verbe au foyer de Marie et Joseph est ''conforme à la loi naturelle'' dans la mesure où le Verbe prend chair de la Vierge Marie ; mais les deux évangiles soulignent que cette conception fut surnaturelle, inouïe, radicalement unique dans toute l'histoire humaine.
Ils indiquent aussi que les relations de Jésus avec sa famille ''naturelle'' furent aléatoires, de l'incompréhension initiale des parents dans l'épisode du Temple (Luc 2:41-50) aux irritations du groupe familial élargi (Matthieu 12:46-50, Marc 3:21 et 3:31-35, Luc 8:19-21).
Confondre cela avec un ''modèle de famille traditionnelle'' serait absurde, et ce serait réduire à peu de choses le christianisme.
La foi chrétienne ne consiste pas à bénir nos préférences socio-culturelles, mais à transformer notre vie en germe du Royaume en recevant le Christ comme notre Salut et en orientant tout vers Lui. Tout ! Y compris notre vie familiale, qui change ainsi de sens et de dimension ; une vie qui ne saurait se réduire à l'honorable idéal d'un milieu sociologique préservé, hors duquel rien (surtout pas les réalités) ne devrait être pris en considération...
Une famille n'est pas ''chrétienne'' parce qu'elle est passée par l'église, a martelé le curé ! Elle est chrétienne si elle place Jésus-Christ au centre de sa vie, dans la prière et les conversations avec les enfants ; des enfants qui ne sont pas ''chrétiens'' du seul fait qu'on les a baptisés (autre ''passage par l'église''), mais qui le seront dans la mesure où leurs parents les élèveront dans l'intelligence de la foi. Une intelligence incompatible avec le nombrilisme de milieu social, puisqu'elle postule un décentrement de notre vie pour la recentrer sur le Christ !
Merci à ce prédicateur. Avec bonhomie et fermeté, il enseigne et conduit ses paroissiens – sans se laisser circonvenir. Puisse l'ensemble du clergé français lui être de plus en plus semblable...
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[1] Pape François : exhortation apostolique La joie de l'évangile, § 136.
[2] Cinq versets de Matthieu, quatre versets de Luc ! Tout le reste de ce que l'on croit savoir de la vie cachée à Nazareth vient d'apocryphes ou d'extrapolations. Par exemple chez René Laurentin, Vie authentique de Jésus-Christ, Fayard 1996 : un chapitre de quinze pages grand format (foisonnantes de détails concrets)... pour ''compléter'' neuf petits versets.
13:13 Publié dans Pape François, Société, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : christianisme, famille, pape françois
Commentaires
OUI
> Oui. Nous sommes appelés à une transfiguration de la vie, pas à une sacralisation
de coutumes.
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Écrit par : Agnieszka / | 29/12/2013
LE MYSTÈRE ET LE SLOGAN
> Moi aussi les récupérations sociologiques de la fête d'aujourd'hui m'ont un peu gavé, je vous avoue. Au final, il n'y a pas mieux pour passer à côté de l'enseignement de l'évangile, en rabaissant un mystère insondable à un slogan politique.
Ceci étant dit, je vous souhaite, il est encore temps, un très joyeux Noël.
Pneumatis
[ PP à Pneumatis - Bonne et sainte année 2014 à vous et à votre famille ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pneumatis / | 29/12/2013
SLOGANS
> Merci pour ce témoignage.
Ah, s'il pouvait être lu par tous les thuriféraires des slogans du genre "C'est une famille très chrétienne car ils ont quatre enfants" (jetés à la poire de ceux qui en ont moins)... Ou des adorateurs de l'apparence, du conformisme, de la façade parfaite...
... et qui laissent tant de blessures, devant et derrière eux.
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Écrit par : Phylloscopus / | 30/12/2013
BELLE HOMELIE
> Oui, merci pour cette belle homélie qui nous rappelle que la sainteté d'une famille ne se mesure ni au nombre d'enfants ni à l'écart d'âge entre les enfants.
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Écrit par : Mahaut / | 30/12/2013
LE VRAI SENS DE NOS VIES
> Oui, c'est vraiment une homélie comme j'aime en écouter et m'en nourrir.
que toute vie soit centrée sur le Christ, c'est là tout l'enseignement des Ecritures.
Quelque soit l'état dans lequel on vit : célibataire, parents isolés, famille recomposée , jeunes, vieux, le sens de nos vie de chrétien ne réside pas dans une forme proposée comme modèle mais dans une union étroite avec le Christ qui rend libre et créatif.
Jacqueline Lach
[ PP à Jacqueline Lach - Vous exprimez admirablement l'essentiel ! Un essentiel,
l'Unique Nécessaire, qu'il est urgent de faire redécouvrir afin de ne pas laisser
transformer le christianisme en culte des dieux Lares... Transformation très agissante
en ce moment dans l'Hexagone. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Jacqueline Lach / | 31/12/2013
PAS D'ACCORD
> Je ne comprends pas à qui vous adressez les reproches contenus dans cette note. Défendre le caractère fondamental de la famille composée du père, de la mère et des enfants, c'est parfaitement conforme au catholicisme -- certainement autant que la lutte contre le libéralisme économique, qui semble si primordiale chez vous.
Invoquer la Sainte Famille comme exemple de ce modèle, ce n'est peut-être pas la seule interprétation à donner à ce profond mystère, mais c'en est une lecture acceptable, qui a une longue tradition. Car enfin, ce n'est pas en vain que Dieu fait les choses telles qu'Il les fait. Le Christ aurait pu s'incarner à l'extérieur de toute famille; or, il est venu auprès d'un père et d'une mère.
Nul besoin d'ajouter que le message de l'Évangile s'adresse à tous, y compris à ceux dont la famille ne correspond pas à ce modèle. Nous sommes tous appelés au même Salut, dans la situation où nous sommes.
Bernard Couture
( PP à BC :
- Pour ne "pas comprendre" de quoi parle cette note, il faut faire ce que vous faites : changer la signification claire de la note, contre une autre signification qu'elle ne contient pourtant pas.
- Cette note repose sur l'homélie d'un curé de paroisse de très bonne réputation exégétique et théologique ; ce qui le met au dessus des soupçons de laïcs même bien intentionnés (les soupçons le sont toujours) !
- Sur la différence radicale entre la Sainte Famille et les familles uniquement biologiques, je me permets de vous suggérer de relire la note, et de la confronter au livre de Benoît XVI sur Jésus. Directement issue de la doctrine de l'Eglise sur cette question, l'homélie dissipe l'erreur trop commune qui réduirait Jésus-Marie-Joseph à un statut comparable à celui des familles uniquement biologiques : ce qui évacuerait l'essentiel de la Rédemption, et ouvrirait la porte à une réduction du christianisme en culte domestique...
- Cette réduction a toujours été une tentation dans notre pays ; elle est à l'œuvre en ce moment, et ce problème sérieux (pour la foi) est la raison pour laquelle le curé a jugé nécessaire de faire cette homélie.
- La note ne dit nulle part, ni ne sous-entend, qu'il ne faudrait pas "défendre le caractère fondamental de la famille". Si vous voyez quelque part le moindre signe d'une pareille opinion, de ma part ou de celle du curé, je vous serais reconnaissant de me le signaler.
- Il ne faut pas faire dire aux gens autre chose que ce qu'ils ont dit. Mais je ne vous en tiens pas rigueur, ce réflexe de déformation étant (hélas) très répandu dans l'Hexagone.
- Bonne année à vous et à tous les vôtres. ]
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Écrit par : Bernard Couture / | 02/01/2014
À Bernard Couture
> "Nul besoin" ? Comme ce serait bien si vous aviez raison... Hélas le sens de la famille
(une famille évidemment à défendre contre les délires idéologiques actuels) est pollué dans un milieu qui se croit super-catho, par un culte malsain du biologique. Combien d'élèves d'écoles "très catholiques", filles de familles restées peu nombreuses par la nature des choses, ont été traumatisées à l'âge de douze ans par de petites camarades leur disant : "deux enfants seulement ? alors vous n'êtes pas catholiques !" C'est ce qui est arrivé à mes propres enfants dans une école très respectable et respectée. Je ne vous raconte pas les difficultés ensuite sur le plan de l'éducation religieuse. Ce pharisaïsme du nombre d'enfants qui conditionnerait la « catholicité » va contre l'évangile. Avoir « forcément un grand nombre d'enfants » ou avoir « autant d'enfants qu'on peut avoir » sont deux choses différentes ; c'est très cruel de reprocher ce genre de choses, et pas chrétien de s'en servir pour exclure et humilier. Mais les pharisiens adorent exclure, c'est leur raison d'être et c'est pourquoi Jésus leur parle avec une telle colère.
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Écrit par : Noémie / | 02/01/2014
à Bsernard Couture
> La lutte contre le libéralisme économique et la défense de lma famille sont une seule et même chose, si l'on clomprend que la forme de société actuelle est la cause de la destruction de la famille. Un certain nombre de catholiques français ont du mal à discerner cela. Les papes le leur ont pourtant indiqué souvent ! Mais le catho français préfère le moralisme, tellement plus confortable que d'accepter d'appliquer intégralement la doctrine sociale de l'Eglise !
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Écrit par : Dominique Andreu / | 02/01/2014
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